Comment la France a perdu sa souveraineté
Dans son livre « Le piège américain », Frédéric Pierucci raconte avec le journaliste de « l’Obs » Matthieu Aron, comment il a servi d’otage dans une guerre économique menée par les États-Unis.
Frédéric est un haut cadre d’Alstom, vivant en Asie, expatrié à Singapour. Il se rend en 2013 aux États-Unis, où il va régulièrement pour rencontrer les équipes américaines d’Alstom.
A son arrivée à New York, alors qu’il s’achemine vers l’entreprise Alstom, il est arrêté par le FBI et envoyé directement en détention dans un centre pénitencier de haute sécurité.
Il est accusé « d’avoir participé à des faits présumés de corruption en Indonésie dans le cadre d’un contrat qu’Alstom a obtenu en 2003 ».
L’ouvrage montre que les États-Unis se permettent d’arrêter des cadres français pour une affaire de corruption s’étant déroulée à l’étranger.
Ce livre fait froid dans le dos. D’une part, parce qu’on voit un citoyen français subir une arrestation sans raison apparente. Frédéric, comme il l’explique, met énormément de temps pour comprendre réellement ce qui lui arrive. D’autre part, parce que l’ouvrage décrit le système carcéral américain extrêmement dur. Et aussi le système juridique américain avec le fameux « plaider coupable » où tout est une histoire de négociation, et si vous n’acceptez pas de plaider coupable vous risquez de subir de très nombreuses années de prison.
La deuxième partie de l’ouvrage concerne toute cette affaire de guerre économique menée par les États-Unis pour favoriser les sociétés américaines contre les sociétés européennes.
Comment s’y prennent-ils ? ils utilisent une loi anti-corruption (Le Foreign Corrupt Practices Act) et l’appliquent aux sociétés étrangères pour des actes effectués hors du territoire américain. Dès qu’on travaille dans un pays avec des régimes fragiles, toutes les sociétés occidentales y compris américaines paient des consultants en vue d’obtenir des contrats, une forme de corruption indirecte. Mais le procureur américain, probablement en lien avec les hautes instances des États-Unis, décide de n’attaquer que des sociétés européennes pour pouvoir privilégier les sociétés américaines.
C’est toute cette affaire de guerre économique qui va se solder par la vente d’Alstom Power à General Electric, une société américaine. Le livre rentre réellement dans le détail concernant la façon dont s’est passée cette vente. La menace de poursuite judiciaire à l’encontre du PDG de l’époque, Patrick Kron, l’aurait influencé à vendre Alstom aux Américains.
Pour davantage de précisions, la société Alstom est la société qui gère la maintenance des centrales nucléaires en France. Or aujourd’hui la maintenance des centrales nucléaires en France est gérée par une société américaine ! Est-ce que cela ne porte pas atteinte à la souveraineté énergétique de la France ?
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